Indian summer....

Récemment au job, une femme originaire d'Inde  m'a rapporté de ses vacances là-bas du thé et un gri-gri à l'effigie de Ganesh. J'avais discuté avec elle de mon périple dans son pays natal en 1984 , année charnière et magique dans ma vie. Je ne sais plus si j'en ai déjà causé sur ce blog, mais ces trois mois vécus là-bas entre Népal et Tamil Nadu m'avaient ouvert les yeux et l'esprit sur d'autres paradigmes. Mais le sujet n'est pas là.

L'enseignante indienne dont je parle est native de Pondicherry, où j'avais passé quelques jours idylliques à me baigner dans cet océan dont j'ai su après qu'il était infesté de requins. Anecdote qui me fait encore sourire, j' y avais fait connaissance de deux françaises dont l'une inconsciente avait fait du topless sur la plage déserte. Les Indiens se baignant peu parce que mauvais nageurs,  elle avait pourtant rameuté en quelques minutes une bonne centaine de mâles indigènes pas gênés qui fixaient d'un oeil l'horizon et de l'autre ces deux tétons occidentaux. Il ne me reste aucun souvenir matériel de là-bas ,si ce n'est un vieux portefeuille en peau de cobra et trois photos sans leurs négatifs. Photos que je lui ai montrées, dont une de cette famille d'intouchables de Bénarès. Le père était mon guide-rickshaw la semaine que j'ai passé là-bas. A ma descente du train lui et nombre de ses compagnons d'infortune m'avaient assailli pour obtenir mes faveurs de touristes.

Il ( qu'il me pardonne j'ai oublié son nom ) avait alors brandi sous mon nez un calepin sur lequel était griffonné un mot de Michel Drucker de RTL , expliquant que (?) était un guide excellent . En retrouvant cette photo, j'ai été frappé de l'expression tragique fixée à leurs visages, comme si depuis leur naissance elle ne les avait jamais quittés. La journée le père me guidait à travers la ville, et le soir je dinais avec eux dans leur minuscule logis. Bien entendu, j'achetais le riz et les lentilles du dal quotidien. Je me souviens que mère et fillette ne mangeaient pas avec nous.Je me souviens aussi que j'avais donné à la petite, un soir où elle était patraque , un comprimé d'aspirine qui l'avait aussitôt remise d'aplomb, comme quoi l'effet de molécules pharmaceutiques dans un organisme qui n'y est pas habitué peut être fulgurant !

De retour en France, dès que j'avais pu j'avais envoyé à mon courageux guide 1000 francs, le prix d'un vélo rickshaw qui serait bien à lui, celui avec lequel il trimballait ma carcasse étant une location quotidienne dont j'avais appris qu'elle lui coûtait la moitié d'une journée de travail. Je n'ai jamais su s'il avait utilisé cet argent pour le faire, mais j'avoue que le temps passant, cette action sympa réconforte malgré tout mon égo , égo que je fustige si souvent chez les autres et chez moi.